« Eine handvoll Menschen um den Alex… ». Ces mots de Alfred Döblin s’étalent fièrement sur un des bâtiments de style est-allemand qui bordent l’Alexanderplatz. Parce qu’il était médecin, et avait fréquenté les asiles de nuit ainsi que les Mietskaserne, ces casernes locatives ou des ouvriers s’entassaient de la cave au grenier, Döblin avait compris la misère des bas-fonds, des oubliés de la modernité, de ceux qui étaient représentatifs de Berlin la Rouge des années 1925-1930. Avec Berlin Alexanderplatz il décrit avec une attention presque Zolienne cette misère sociale poussée à l’excès.
A propos de l’Alexanderplatz, lieu central de Berlin et point de rencontre de toutes ces sociétés, il écrivait alors : « Une poignée de gens autour de l’Alex. Près de l’Alexanderplatz, on met la chaussée sens dessus dessous : travaux pour le metro. On circule sur des planches. Les tramways sont déviés. »
Soixante-dix ans après dont quarante comme Hauptstadt der DDR (capitale de la RDA selon l’appellation officielle), Berlin reste rouge et l‘Alexanderplatz est toujours là dans sa diversité. L’Alex est toujours en chantier et les gens sont toujours autour de l’Alex.
En ce samedi pascal ensoleillé on y fait même de curieuses rencontres. Pour marquer son adoration au Christ et vivre « Sa » Passion, une charmante jeune fille pousse des hurlements qui n’ont aucun rapport avec le concept de chant qu’elle nous avait annoncé. Sous la huée de quelques ados habillés de noir, apparemment fans de Korn, c’est plutôt à nous qu’elle impose la Passion (Patior signifie « souffrir » en Latin pour ceux pour qui de l’eau a coulé sous les ponts depuis leur 4ème).
Heureusement pour me remonter le moral quelques Punks traînent encore dans le coin :
Par un geste de main ils m’invitent à boire un coup de bière premier prix avec eux. Contre une clope, quelques pièces cuivrées et l’affirmation de mon Antifascisme militant je négocie une ou deux photos.
Retour vers le metro, un touriste asiatique m’interpelle en anglais. Non je ne veux pas prendre une photo de lui devant l’horloge universelle… Quoi ? Et merde il a raison ce con ! J’ai perdu la pochette de mon appareil photo occupé que j’étais avec mes amis les Punks. Retour vers le sit-in ou la petite pochette brodée indienne qui sert à ranger l’appareil photo a trouvé une nouvelle raison d’être en la qualité de balle, qui vole des uns aux autres, toujours assis à la même place. Leur privant vraisemblablement de leur jeu ils me rendent mon bien un peu à contre cœur, mais avec un sourire amusé…
4 commentaires:
Pas besoin d'être allé au collège pour connaître la racine latine de Passion. Pas besoin de savoir la signification de Passion "latine" pour la comprendre...Suffit juste d'avoir connu un amour (une passion plutôt) déçu.
Pour le latin toujours: Alex... A-lex....J'aime ce mot, belle utopie gâchée par la nature humaine. Une nature humaine qui préférera toujours Lex Luthor (a) A Lex. Vu la situation ne recherchons pas l'utopie mais n'abandonnons pas la lutte.
Ps: beau texte, ça donne envie, le succès t'attends.
PS: Heureux soit l'exilé qui ne subit pas la diffusion des Amants du Flore et la "victimisation" d'un Nicolas S. bien trop roublard pour être honnête.
PS: j'attends tes photos des charges de CRS à Sevres Babylone !
On m´a parfois reproché dans ma jeunesse (!) de faire preuve "de morgue et de condescendance"!. J´éspère cher AdCR que vous ne ressentez pas cela de ma part. La précision sur l´etymologie de Passion, n´etait là qu´a titre illustratif et informatif...
Sinon merci pour les compliments...Les photos arrivent bientot...
Point de condescendance de votre part. Juste une certaine lassitude sur ce lieu commun que l'école est le lieu du savoir, alors que ce ne fut pour moi rien d'autre qu'humiliation et exploitation. Le savoir je l'ai acquis avant tout par moi même. Sans doute est ce pour cette capacité à apprendre par moi même qu'il fut décidé de me faire sortir du cercle. Les profs n'aiment pas trop les électrons libres.
Heureusement après moulte rebondissements j'ai pu réussir à atteindre l'université...Malgres ses défauts cela reste mon meilleur souvenir de ma période "scolaire".
Très chouettes anecdotes. Très chouette journée aussi, apparement...
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