28 octobre 2006

Inhumaines humanités

Les études classiques ont ceci de rassurant qu’elles sont à bien des égards hors du temps. Elles déconnectent de la réalité et permettent de fuir, via le travail, ce quotidien parfois rebutant. Elles permettent aussi (parfois) de réfléchir, ce qui par ces temps de puissance et d’approximation médiatiques permet de se rassurer…Bon j’arrête là mes considérations qui sentent un peu la poussière et que l’on pourrait croire empruntées à M. Jean d’Ormesson de « l’Institut ! »

Les « humanités » sont prestigieuses puisque issues de la formation des hommes de Lettres et des « intellectuels » de la renaissance italienne, puis française. Elles plongent dans une intemporalité, celle de la grandeur des auteurs de la Grèce antique et de la Rome impériale. Hors du temps puisque aujourd’hui elles renvoient à cette formation « classique » des XVème et XVIème siècles. Une pérennité que l’on retrouve dans le prestige affirmé et revendiqué par les institutions de la République qui, de la rue Saint-Jacques à la rue d’Ulm en passant par la rue des Ecoles, vantent l’exemple de l’excellence de leurs prédécesseurs.
Certains diront que c’est un leurre, un passéisme en décalage avec la réalité. Je ne leur donnerais pas tort, même si je pense qu’une telle possibilité est nécessaire pour une société, comme celle dans laquelle nous vivons. Nécessité de la connaissance et de la culture contre l’obscurantisme et l’ignorance…

Cependant, son caractère d’ « humanité » perd son sens quand on s’en représente les exigences, intimement liées à une telle formation.
Le terme grec πάθος puis le terme latin qui en découle, patior, sont révélateurs de cette dualité de la formation. Patior, comme l’illustre par exemple la Passion du Christ, désigne le fait de souffrir – en l’occurrence physiquement. Le sens actuel de passion montre comme l’évolution de la langue lui a donné un sens positif. Le caractère affectif, voire obsessionnel de l’objet auquel on s’attache.

La passion serait-elle nécessairement une souffrance ? Ou bien est-ce la souffrance qui nous oblige à trouver la passion nécessaire à ne pas nous faire sombrer dans le doute et la vanité ?
Les « humanités » seraient donc inhumaines parce qu’elles sont ? C’est ce que l’on appelle en allemand un « Teufelkreis »…



[Soundtrack]

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Il ne faut surtout pas voir, le film de Mel Gibson sur "la Passion du Christ"... D'ailleurs l'as-tu vu Berlin ?
PS : Depuis ce film, Mel est dans le même état que Tom Cruise.

Anonyme a dit…

"J'aimais/ D'un amour malheureux et sauvage"; "Regarde-moi/Je suis la mer et la terre/Le feu et le fer/Les dieux et la foudre"; "Douleur/Cherche ton argile"; "Qu'ils meurent, ce ne sont pas mes fils/Qu'ils meurent, ils sont à moi".
Médée, Sénèque.

L'Anonyme de Chateau Rouge a dit…

les photos sont interdites mon cher monsieur dans l'enceinte de la bibliotheque, j't'en foutrais des humanités moi !

sadoldpunk a dit…

décidément je n'arrive plus à suivre toutes ces notions philosophiques, quand on arrête les études les neurones se dégradent de plus en plus vite (ou bien est-ce dû à autre chose? mais ça aussi, comme les études, je vais arrêter)...

Bises et bon courage

Berlin Belleville a dit…

@ Sony : Je ne l'ai pas vu, ce film ne m'interesse pas en fait... (Mel Gibson était déjà dans cet état avant le film, c'est bien ça le problème)
@ Süsser Bonbon : Generosos animos labor nutrit ("Le travail est l'aliment des âmes nobles"),
Sénèque, Lettres à Lucilius, XXXI, 5
@ l'AdCR : C'est pas de ma faute si les bibliothécaires préfèrent vendre le journal de Lutte Ouvrière plutôt que de faire leur travail...
@ Sad : (re)lis Sénèque ça fait du bien, ça nourrit l'esprit... (je ne suis pas sûr que les étudent ne conservent plus qu'elles ne crament les neurones...)

Anonyme a dit…

Le seul film que j'arrive à revoir avec lui c'est Mad Max 2... Le reste non

Anonyme a dit…

C'est pas les vacances ici, ...ça carbure du couvre-chef !
Et ...buller, est-ce trop inhumain pour toi ;-)

Berlin Belleville a dit…

@ Sony : Mad MAx 2...ça fait au moins 10 ans que je ne l'ai pas vu...
@ Myblogforyou : Le pire c'est que je (re)commence à y prndre goût...

Anonyme a dit…

Vive passion quand je crois déceler un intérêt même circonstanciel pour les langues anciennes, ta quête sera longue...
"Sur les traces de l'Orient, silènes et naïades abondent
Les spectres de l'antique passé ouvrent leur monde
A celui qui seul partira humble et sans faconde"
((Ricky de Noisy le Sec, grand philosophe oublié qu'il est temps de réhabiliter)

Anonyme a dit…

Mais connais tu vraiment des gens qui aiment ces langues anciennes...? Peut être cela te ferait il voir leurs magies profondes?

Berlin Belleville a dit…

@ utilisateur anoyme : Je connais en effet des gens qui se passionnent pour les langues anciennes...
Pour ma part, les paratiquant uniquement dans mon "temps libre" ou dans mes "à côtés", je peux dire que je les aime, d'où mon attachement...
Es tu de ces amoureux des "langues nobles" ?