18 juin 2007

10ème circonscription du Val de Marne

Je n’avais pas acheté l’Humanité depuis longtemps, pourtant je l’ai fait aujourd’hui, peut être un peu à cause des résultats d’hier. Le PCF que l’on annonçait grand perdant de cette élection se maintient en allant même gagner dans une circonscription dans laquelle il n’avait jamais été présent.
De toutes les circonscriptions, une a retenu mon attention, parce que peut être la plus symbolique. La ville d’Ivry, on l’a beaucoup dit, est « détenue » par le PCF depuis 1936. Ivry sur Seine est un symbole, la circonscription aussi. C’est la circonscription de Maurice Thorez qui nous ramène aux plus grandes heures du stalinisme français.
Pierre Gosnat
le nouvel élu a ranimé la liaison intime de député maire d’Ivry en la rénovant.

Le nouveau Président de la République veut s'approprier la mémoire et l'héritage qui appartiennent au mythe - voire à la mythification - du « Parti des fusillés. »
En 1991 Henri Rol Tanguy demanda en vain à Georges Marchais de ne pas aller à la cérémonie en la mémoire des fusillés de Châteaubriant, car cette mémoire ne lui appartenait pas, à lui, celui qui était parti comme travailleur volontaire en Allemagne au moment du pacte germano soviétique pendant que ses camarades étaient fusillés. La mémoire est personnelle, parfois elle ne peut appartenir au collectif, mais uniquement à des valeurs particulières. Guy Môquet et Jean Jaurès ne pourront jamais appartenir à la droite.
Ivry est restée communiste et dans son cimetière Missak Manouchian reste chez lui portant toujours l’honneur et la mémoire des siens et de ceux qui au-delà du mythe n’avaient «réclamé la gloire, ni les larmes...»
Melinée et lui ne peuvent démentir l’existence d’un ministère de « l’identité nationale » que s’il ne sont pas récupérés !

La « banlieue rouge » se transforme en peau de chagrin, dont certains pensent qu’elle est anachronique et conservatrice. Pourtant elle est aussi une terre de reconquête et d’espoir. C’est cette banlieue duale que l’on retrouve dans l’écriture de Didier Daeninckx, celle de Saint Denis en 1936 ou de Montreuil en 2000.

Cette banlieue est rouge parce qu’elle est ouvrière et mutine ; parce qu’elle a été mais aussi parce qu’elle continue à être…



Willy Ronis, 1950

[Soundtrack]


3 commentaires:

Baldassare Castiglione a dit…

Les communistes morts sont des héros de la République, en premier lieu parce qu'ils ont l'élégance de se taire, et de souscrire implicitement au gouvernement qui se les approprie.
Les vivants sont des "stals" ou, comme tu le soulignes, des résidus anachroniques, parce qu'ils ont le mauvais goût de briguer les mêmes circonscriptions que "l'ultra-moderne UMP"...
Jaurès, on peut lui faire dire ce que l'on veut - cela fait si longtemps que le PS, notamment, l'a abandonné... Môcquet ne protestera pas.
Ils sont peu nombreux à s'en offusquer, car la droite a bien compris - et, elle s'y emploie sans relâche - qu'il lui fallait déconstruire le langage et l'histoire démocratiques...
En 2004, lorsque les anciens du CNR ont lancé un nouvel appel, c'est tout juste si on ne les a pas qualifiés de gâteux.
Pour la droite - qu'elle s'en fasse un ennemi politique ou un alibi idéologique -, un bon communiste est décidément un communiste mort.

Bonne nouvelle que cette résistance du groupe PC ; souhaitons avec toi que la banlieue rouge soit effectivement une "terre de reconquête et d'espoir"...

Anonyme a dit…

Très juste... La droite ne les aime que comme cela : morts et enterrés. S'ils continuent, ils s'approprieront même Marchais!! (non, j'exagère, il n'est pas mort depuis assez longtemps...)
Il faudrait que les écoliers sachent qui était Guy Môquet et dans quelles conditions il a écrit la fameuse lettre que NS veut qu'on lise à la rentrée des classes!
Moi, je leur fais entendre Ferré et Ogeret : "L'Affiche rouge", "La Rose et le Réséda", un CD offert avec "L"Humanité", le quotidien que mon père a lu jusqu'à la veille de sa mort, à près de 89 ans, il y a six mois. Je lis avec eux _Les Châtiments_ et je déplore les lacunes de leurs connaissances historiques. Mais ceux qui ignorent leur histoire sont bien plus faciles à duper, n'est-ce pas!
A l'aube du IIIème Empire avec Nicolas Ier à sa tête, il est bon que tout le monde ne se coule pas dans le moule du "prêt à penser".
Balzac58

Berlin Belleville a dit…

"Après le pain l'éducation est le premier besoin d'un peuple" (Danton)

Tout dépend de qui fait (et comment) l'éducation, c'est un si bel outil d'endoctrinement...