Je voulais parler du film d’Andrew Dominik. Je ne sais pas pourquoi L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford m’inspirait, ne serait-ce que par son titre. J’aime l’idée de voir se construire un mythe non pas pour le comprendre, mais pour le mythifier encore plus, même s’il n’est « qu’un être humain ». Et puis ce film évoque la relativité de l’âge, et de la conscience que l’on en a par ses expériences. « Le 5 septembre 1881 Jesse James avait eu 34 ans » pourtant il est vieux, il se sent vieux alors que Robert Ford sait « qu’il n’aura qu’une chance et qu’il n’a pas l’intention de la laisser passer… »
Et cette phrase lue dans les Inrocks qui suppose que « le film d’Andrew Dominik reprend le Western là où Impitoyable l’avait laissé il y a 15 ans » ; peut être que le film permet enfin d’affirmer qu’il est possible de faire un western après le film de désacralisation de Clint Eastwood et que cela passe nécessairement par une re-sacralisation ou par le décryptage de la construction du sacré, il n’en serait que la suite logique.
J’ai pensé à Stalker de Tarkovski, pour le mélange de peur, par le style lent et le rythme déconstruit, par l’esthétique et cette manière qu’ils ont de se laisser happer par cet espace vierge qu’ils semblent être les premiers à fouler. Tout le monde fait l’éloge de Casey Afflek, Brad Pitt m’a touché, par ce rôle de solitude …
Je voulais parler de Dead Can Dance …
Je voulais parler de Berlin...
Un matin - je ne sais plus lequel - sur France culture, à propos d’un sujet qui m’a échappé dans les vapeurs de thé, un invité disait qu’il aimait évoquer le New York d’avant Rudolph Giuliani, le New York effervescent et multiculturel des années 1980 le New York de « The Englishman in New York » de Sting… Je suis rassuré, je ne suis pas le seul à construire intellectuellement ma nostalgie.
- Englishman in New York - Sting, 1988
- I'm bad Like Jesse James - John Lee Hooker (Boom, Boom, 1992)
NB : « comme Jesse James je… » (à vous de trouver !)
19 commentaires:
Je suis d'accord avec toi sur "Jesse James", très beau film dont le rythme est sans doute le seul défaut... par contre il me semble que "Dead Man" s'inscrivait déjà dans cette lignée post-Impitoyable de d'humanisation du mythe en même temps que de resacralisation du western... "Deadwood" est aussi passé par là, avec son language d'époque très travaillé... bref, beaucoup de choses à dire sur cette mouvance assez enthousiasmante qui est en fait l'exact opposé du western-spaghetti. Salutations!
Tarkovski, dead man et puis Sokurov aussi.
moi j'ai aimé la description en filigrane non de la lâcheté de Bob Ford, mais celle de tout un peuple, de toute la société.
effrayé par un salopard qu'elle a vite fait de consacrer en héros.
(et il n'était même pas stalinien!)
Et là j'ai beaucoup pensé à Cimino et sa Porte du Paradis.
bref un super film que cet assassinat !
@ Sad : pour moi le rythme n'est pas un défaut mais une force, justement, surement involontaire, mais quand même. J'ai aussi pensé à "Dead Man", mais pour moi ce film est tellement à part que je ne peux pas l'intégrer dans le genre du Western.
Je me souviens quand nous avions vu ce film à la Villette et que nous disions "comment parler de western après ce film !?" et que Balthazar Castiglione avait ajouté "comment parler de Cinéma après ce film !?"
@ L'AdCR : eh eh eh tous les héros ne sont pas de staliniens... quoique(mais ce n'est pas le propos ici)
Super film effectivement mais il me semble que nous avons déjà eu cette discussion...
Merci d'être encore là après mes interruptions...
vite parlons de Berlin.
"Pauvre mais sexy" selon Klaus Woworeit... une alternative à gagner plus pour vivre moins ?
j'ai choisi mon camp !
Bientôt nous parlerons de Berlin, du Berlin d'il y a (presque) dix ans (pour ma part), du Berlin constitutif, du Berlon des origines...
Il dit beaucoup de connerie Wowie quand même (j'imagine qu'il parlait de la ville de Berlin)
Contente de te revoir ici.
La nostalgie fait du bien quand on a plus qu'elle, sinon faut la laisser sur le bord de la route.
Stoo, une ancienne histoire de pulsations...
C'est aussi quelque chose de langoureux, dans le sens des romantiques allemands (on n'a pas tous eu la chance de lire "Die leiden des Jungen Werthers" dans le texte)quelque chose qui aide à se construire...
Merci pour ta nouvelle adresse, je n'avais pas été assez rapide pour la noter quand tu l'avais mise sur ton ancien blog !
Ca c'est claire que le maire, ca lui va bien de parler de pauvreté, ca doit le toucher de près...
Et, en parlant de westerns récents, est-ce que quelqu'un a vu "Open Range" de Kevin Costner (sorti en 2002) ?
J'ai entendu dire que c'était étonnament(vraiment) très bien...
PS : promis, j'irai voir "Jesse James"...
C'est curieux nous avons parlé de ce film avec l'Anonyme en sortant de la séance, et nous avons dit la même chose, Kostner fait un film "classique" mais il le fait bien... Je demande à voir
quelle chance as-tu d'avoir encore à découvrir "Jesse James"...
Rien à voir
(Mais après tout, j'ai revu Furyo après les recommandations de BB. Spécial, et réussi...).
Mais Kostner a fait un thriller exemplaire en tant qu'acteur :
"No way out"
http://imdb.com/title/tt0093640/
Sinon sur le western, curieux de parler d'"humanisation" en opposition à certains westerns qualifiés de "spaghetti".
Les Sergio Leone sont quand même aux antipodes des westerns 40's-50's John Wayne etc...
Tant au niveau de la forme et du fond.
Le mythe en avait déjà pris un sacré coup.
Rien qu'avec Peckinpah...
je prendrai le temps d'aller le voir ;)
comme jesse je suis le tireur le plus rapide de l'ouest ;p
Pas encore vu celui la, mais j'ai vu Dead Man ya tres peu de temps et j'ai été un peu dessus. La fin est fantastique mais pas tout le film, les elements comiques gachent un peu le truc. Bon je dis ça parce que j'attendais beaucoup de ce film, je suis absolument fan de Jarmusch et j'ai adoré Dead Man, mais j'esperais encore mieux.
> Polymagoo : content que mes conseils t'aient poussé à voir (et aimer) « Furyo »...
En fait le Western est un genre qui remet en cause constamment ses prédécesseurs, c'est ça qui fait sa force...et même si j'aime les John Wayne, les "Bob Robertson", certains Kostner etc.
> Lunaba : eh eh eh …non c'est pas ça, mais pour répondre, il faut avoir vu le film...
> Bernard Black : j'avais vu « Dead Man » sans trop d'attentes c'est peut être pour ça que ça m'a tant plus. Mais en plein air au mois de Juillet sur un écran géant allongé sur l'herbe du parc de la Villette, la musique de Neil Young porte se film à la perfection cinématographique (demande à Balthazar Castiglione, je suis sur qu'il en a encore des frissons d'y penser...)
Quelle jolie note! D'accord en tout sur Jesse James, même si à moi aussi, la fin du film m'a semblée un peu longue (disons les 20 dernières minutes), comme si le réalisateur ne voulait pas arrêter son histoire.
Bises.
ah c'erst sur je l'ai aps vu dans les memes conditions, un peu crev'e a 1 ou 2h du matin dasn ma petite chambre, en espagnol sous titré en espagnol-. MAis j'admets que la bo sur la fin du film est assez geniale (la fin du film tout court est geniale).
bon jesse james sort le 29 ici je crois, faut que j'attende encore un peu
> toxic : merci... pour moi les 20 min ne sont pas de trop. Bon si mais pas trop de trop, j'aime le fait qu'elles soient de trop, même si ce n'est pas voulu, ça enveloppe le film dans quelque chose de langoureux et nonchalant (c'est pareil pour les ruptures de rythme)
> Bernard Black : il faut absolument que tu le vois en VO ne serait-ce que pour la voix de Casey Affleck ... et la BO de Nick Cave (qui chante lui même dans le film)
Tout le monde devrait revoir DEAD MAN, et puis c'est tout !
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