27 juin 2008

La moustache

Quand je me suis rasé la moustache le mois dernier, je n’ai pas l’impression d’avoir vécu le syndrome décrit par Emmanuel Carrere ; à part quelques réflexions du genre ‘tu t’es coupé les cheveux, non ?’ ou bien ‘tu as l’air plus jeune tout d’un coup’, la plupart de mes proches ont constaté – souvent avec bonheur et soulagement – que je ne resterai pas moustachu pour les années à venir.

Mon intention de me laisser pousser la moustache n’était pourtant pas de suivre cette mode que j’ai découverte ensuite, une fois ma moustache disparue, en voyant tous les hypes de Belleville la porter. Et puis tout le monde ne peut pas être Nick Cave et porter la moustache comme un vieux Cow-boy imbibé de bourbon…

Il y a 6 mois je la trouvais de circonstance et une fois encore (parce qu’on ne se refait pas) justifiée « intellectuellement ». Arte a rediffusé à l’automne des téléfilms et des documentaires sur Andreas Baader pour les 30 ans de sa mort. J’étais – et je suis toujours – fasciné par ce « terrorisme » d’extrême gauche depuis Die Stille nach dem Schuss de Volker Schlondörff, par cette folie et les éléments qui font basculer une vie, par cette logique qui pousse à aller jusqu’au bout.

Et puis quelques semaines plus tard j’ai compris que la moustache était bien l’ornement de la rébellion. J’ai vu Rue Santa Fe de Carmen Castillo. Ce film introspectif magnifique sur les années de lutte au Chili et sur le rapport au passé m’a profondément marqué. La moustache des chiliens en 1973 était en quelque sorte le symbole de leur liberté. Un des anciens camarades de lutte de Carmen Castillo lui dit que pour entrer dans la clandestinité ils se sont tous rasés la moustache et qu’ils avaient à la place la marque blanche due à l’absence de bronzage. Miguel Enriquez lui est entré dans la clandestinité avec sa moustache et est mort avec elle sous les balles de la police de Pinochet.

Dans son introspection Carmen Castillo va à la rencontre des mouvements de contestation actuels au Chili. Dans les manifestations et les mouvements politiques plus personne ne porte la moustache et les jeunes militants tendent à nuancer voire à oublier l’héritage du M.I.R. et de la lutte contre la dictature…

Je n'ai plus de moustache.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello, magnifique note et très instructive en plus ! :)
Bonne journée

Berlin Belleville a dit…

Merci Liza...
Content de voir que ma moustache peut être instructive...

Anonyme a dit…

ah c'est dommage !
j'aime bien la version nick cave.

Anonyme a dit…

L'ami, il est temps de porter à nouveau la moustache ou la barbe. Soyons Netchaïev ;)

Berlin Belleville a dit…

> domino : moi aussi, mais là pour le coup il faut assumer...

> Ulrich : ça ne saurait tarder...

flukux a dit…

t'as raison, fallait la couper ...
c'est la barbe la moustache...

Berlin Belleville a dit…

je ne voudrais pas etre rasoir, mais tu as raison...