07 octobre 2008

59 Jahre DDR

Ce 7 octobre 2008, pour l’anniversaire des 59 ans de la RDA il n’y avait pas de parterre de personnalités « socialistes » à Berlin Hauptstadt der DDR pour écouter l’hymne national de celle que l’on a appelé dès sa disparition « notre petite République. »


Aujourd’hui tout le monde l’a oubliée ; elle est devenue un objet commercial surfant sur l’Ostalgie pour les uns ou restée un objet paradigmatique de rebut moral pour les autres.

Pourtant la RDA a existé, non pas comme un idéal socialiste, non pas comme un pays producteur de « Spreewaldgurken », mais comme un pays, une société à part entière, quelque chose qui – peut être malgré eux – a signifié Heimat, ou patrie, non au sens patriotique mais au sens de Vaterland, pour les 16 millions d’Allemands qui y vivaient en 1990…


Paul RICOEUR distingue deux types d’histoire du temps présent[1]. La première est celle d’un passé récent comportant un « point de clôture » même si les effets de mémoire font qu’il n’est pas révolu - le « passé qui ne passe pas » dont parlent Éric CONAN et Henry ROUSSO. La seconde, une histoire du temps présent non clos et dont on ne connaît pas la fin. La RDA appartient dans une certaine mesure aux deux catégories du fait que son histoire se confond à partir du 3 octobre 1990 avec l’histoire de l’Allemagne réunifiée, sans que la transition n’ait pu être mémorisée ou mémorialisée.


La RDA existe encore dans les représentations comme un Etat qui n’est plus et qui disparaît derrière les partis d’extrême droite et la gauche communiste réformée et offensive qui tente par son alliance à l’ouest de faire oublier le SED et la Stasi.


Frohes Geburtstag …


[Soundtrack]



[1] « Remarques d’un philosophe », in Écrire l’histoire du temps présent, Paris, CNRS, 1993

7 commentaires:

Anonyme a dit…

"Mon pays annexé..."

Je l'ai entendu plus d'une fois...

Berlin Belleville a dit…

Effectivement les plus radicaux parlent d'Anschluss. C'est peut être un peu exagéré, mais il faut admettre qu'au niveau économique, c'est un peu ce qui s'est passé.

Le plus frappant pour moi est la capacité d'oubli de la RDA, non pas dans ses composantes politiques ni socio-économiques, mais plutôt dans l'oubli de la culture, sociologique et sociale, de ce qui fut - à mon avis - un pays à part entière...

[G@ttoGiallo] a dit…

Inoubliables journées à Ost Berlin en 1987, chez des amis...

Anonyme a dit…

Toujours pas de Berlin mais à nouveau Belleville. 100m pour rentrer chez toi à la fin de notre crémaillère!! et j'ai commencé le livre de Duras que tu m'as offert (je suis enfin arrivée à découper toutes ces foutus pages). J'en ai un petit peu peur mais c'est le bon mopment.
Bises.

Berlin Belleville a dit…

> G@ttoGiallo, the Instigator : j'aurais aimé être là, bienvenu par ici...

>Toxic : Welcome back at home...
C'est vrai que découper des pages prend du temps..!
Je crois aussi que c'est le bon moment. Et puis tu pourras le lire, le relire et le relire encore...

Anonyme a dit…

Frohes Geburtstag !
Le mois d'Octobre doit aimer que l'on se souvienne de lui...

Anonyme a dit…

Oui, la RDA a bien existé, pays complexe avec son histoire, sa culture et ses contradictions. Un ami de là bas m'a dit un jour qu'il se sentait "exilé d'un pays qui n'existe plus".
Sachant que lui avait fui l'Est avec ses parents, ça en dit long sur le rapport paradoxal à ce passé dont les traces restent dans le présent.

Un autre exemple, celui de cet amie architecte qui défendait les plattenbauten dans lesquels elle avait vécu une enfance heureuse et épanouie et qui critiquait "Good Bye Lenin". Selon elle, le film était trop léger et occultait complètement la peur, le fait que des familles entières pouvaient disparaître, tout d'un coup, sans qu'elle sache s'ils étaient passés à l'Ouest ou si c'était un coup de la stasi.