Il avait perdu Duras. Celle qui malgré toute la haine et la souffrance fut la femme de sa vie. Celle qu’il ne pouvait perdre. Il était elle et elle était lui jusque dans l’écriture. Il transcrivait sur le papier les mots qu’elle lui dictait, à l’affût de la moindre virgule. Il faisait les courses, la cuisine, le chauffeur, l’amour. Il ne faisait rien qu’être là, auprès d’elle, toujours, tout le temps.
Il intègre Duras peu à peu.
Il devient l’un des personnages.
Yann Andrea est partout dans l’œuvre. L’écriture se confond avec la vie. Ou le contraire. Yann Andrea Steiner est La Pute de la côte Normande.
« Je l’écoute pendant des heures. J’entends quelque chose. Et je vois quelque chose. Et je m’aperçois très vite qu’il n’y a pas de séparation entre la voix de tous les jours, la voix de la parole courante disons-le comme ça, et la voix qui dicte le texte, la voix qui est en train d’écrire, la voix qui essaie de voir quelque chose, qui tente à chaque instant d’être, d’être dans la vérité. C’est un effort, c’est une tension, c’est une souffrance, c’est une grâce de tous les instants. »
Yann Andrea, Cet Amour là, 1999
Il est resté enfermé un an. Il a regardé les bouteilles s’accumuler sur le sol. Il les avait vidées avant. Il a bu comme elle buvait, pour noyer ses angoisses. Il a bu pour être Elle. Pour la faire vivre encore.
Yann Andrea est mort aussi ce jour là…
[Soundtrack]
- Cuisine et solitude - Marguerite Duras
11 commentaires:
Bon apparemment Duras n'inspire pas, alors je laisse le premier commentaire, juste pour ne plus voir "O comments"
....
Rhooo... nan mais tu sais en ce moment, les gens sont déjà déprimés tous seuls alors Duras...
Mais non Duras c'est pas déprimant... euh...
Bon, tout ce que je trouve à dire c'est que je découvre l'existence de cet amour là grâce à tes quelques lignes. Quelques lignes qui suffisent pourtant à le rendre beau et à me donner envie d'en apprendre davantage.
Ce n'est pas un commentaire qui valait la peine d'être écrit. Duras, je la trouve plus intimidante que déprimante...r
Je me souviens du jour où j'ai découvert "cet amour là", j'avais aussi eu envie d'en apprendre davantage et je crois que j'ai lu tous les livres de Duras des années 1980-90 dans le mois qui a suivi, de manière obsessionnelle, en me demandant qui écrivait vraiment à ce moment là.
Peut-être que ce commentaire valait la peine d'être écrit (outre pour le fait que ça me fait plaisir d'en voir un de toi ici) parce que je n'imaginais pas que l'on puisse trouver MD intimidante... (mais elle est quand même parfois déprimante)
Peut-être qu'en fait ce n'est pas MD qui est intimidante, mais cette relation, ces extraits, et par conséquent ton message, d'où la crainte au moment de le commenter.
"La passion dans ce qu'elle a de plus brutale et absolue. Cet amour dont on ne soupçonne pas l’existence et dont la progressive et lucide prise de conscience bouleverse, isole, et détruit. Un amour obsédant, qui devient omniprésent et omnipotent, aussi invivable que viscéral, et qui désagrège toute norme, tout repère, tout langage."
j'aime toujours autant te lire,
*take care*
> Junko : C'est une relation intimidante, voire angoissante je suis d'accord... merci pour tes messages ici en tous cas...
> Lunaba : merci pour ces mots ; c'est toujours un plaisir d'avoir des lectrices comme toi...
Cet amour qui est silencieux, sous terre...et qui pourtant n'est pas mort.
> Anonyme : les Amours ne meurent peut être jamais...peuvent ils exister sous terre et silencieux ?
Ils restent dans les souvenirs quoiqu'il en soit...
Ils vivent dans les souvenirs et dans tout ce qu'on a pas su faire, su dire...Peut-être n'est-il jamais trop tard?...sauf pour Marguerite et Yann?
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