Trilogie allemande - Episode 1

Il ne faut pas grand-chose pour faire basculer une opinion, pour que les attentistes se retrouvent portés vers les extrêmes. Ce postulat semble un peu dérisoire ; les esprits ne basculent pas si facilement, un temps de préparation est nécessaire.

Mac Beth a peut être les capacités pour devenir un tyran, mais comme tout être humain. Finalement il n’est qu’un pion qui utilise les circonstances et qui serait vide de sens sans l’intervention des trois sorcières. Mais que veulent les sorcières ? Sont est-elles manichéennes ou convaincues de leur « idéologie » ?

En définitive ce sont les sorcières qui sont victorieuses. Elles ne prennent jamais parti. Elles ne veulent qu’exister. Elles ne peuvent exister que par les autres. Eux, ils pensent exister puisqu’ils sont. Ils ne seront bientôt plus rien.

Une société ne change pas radicalement. L’opinion doit être longuement préparée, doucement baignée dans l’atmosphère qui la conduira à l’indifférence de sa brutalisation. La fin ne s’explique que parce qu’elle n’est que l’illustration du début…

Il va changer la société, il l’a dit. Il le fera. Il l’a déjà fait.
Ce n’est pas grave, ce n’est qu’un passage, il partira ensuite, disent certains. Non. Il changera les mentalités, il les modèlera, il les convaincra que même après lui, «c’était mieux quand c’était pire. » Tout dépend pour qui. Mais seule la majorité compte. 50% + 1. Gouverner pour tous c’est finalement gouverner pour soi, puisque l’on incarne le « tous. »

...

Elle lui dit « vous pouvez partir, mais vous ne retrouverez jamais l’Allemagne que vous avez laissée » et puis l'a laissée partir. Elle est partie avec un train qui pensait-elle lui permettrait de rejoindre son mari. Ce train l’a conduite dans un camp de concentration. Elle n’a jamais revu cette Allemagne là.
Ils ont tenté ensuite d’un côté comme de l’autre de nous faire croire qu’elle n’avait jamais existé, qu’ils l’avaient tous combattu. Qu’ils revenaient de ce qui existait avant.

Elle était bien morte. La forme amputée tentait difficilement de nous faire croire qu’elle avait maintenu le cadavre en vie. Il n’était plus nécessaire d’espérer...

Et pour cela nous sommes tous responsables...

[soundtrack]

• Kurt Weill, Wie lange noch ? 1944 (Radio Philharmonie des NDR-Cord Garben, 1993)
  
• Kurt Weill, Es Regnet, 1933 (Radio Philharmonie des NDR-Cord Garben, 1993)